• Auteure : Catherine Latteux
• Illustratrice : Oreli Gouel
• Éditeur : Mazurka

Quatrième de couverture : Il était une fois….la rencontre d’un jeune garçon et sa mystérieuse voisine de palier, une enfant de la lune. À la tombée de la nuit, les deux amis se retrouvent et rêvent de merveilleuses aventures sous le regard complice de l’astre lunaire. Un soir, ils quittent leur théâtre imaginaire. La réalité va alors les rattraper…

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Avant même de l’ouvrir, juste en le touchant du regard, j’ai déjà aimé cet album. Il y en a très peu de ces livres qui réussissent d’un seul coup, d’un seul appel de leur couverture à nous saisir avec une telle force que notre cœur ne peut pas résister à les accueillir dans ses profondeurs pour ne plus les laisser partir. J’avoue que j’étais hypnotisée par la couverture, et puis par chaque page de cet album, à tel point que je ne pouvais m’empêcher de revenir vers ce livre encore et encore, à le feuilleter, à le contempler inlassablement, insatiablement. J’ai mis beaucoup, beaucoup de temps pour me décider à le chroniquer parce que je restais muette devant la beauté silencieuse et puissante qui émane de chaque trait de dessin, de chaque combinaison de mots.

Le sujet de l’histoire, choisi par Catherine Latteux, n’est pas anodin et rarement abordé dans la littérature jeunesse. Le syndrome des enfants de la lune (le xeroderma pigmentosum) est une maladie rare et incurable. Le seul moyen d’éviter ses conséquences, est de se protéger du soleil, de ses rayons, de la lumière du jour. C’est ce que font les parents de la petite fille, « une enfant de la lune », décrite par l’auteure dans cet album. Devant nos yeux se déroule une histoire d’amitié entre deux enfants, mais quelle amitié et si bien décrite! Catherine Latteux semble aller chercher ses mots très profondément, au cœur même de la relation exceptionnelle entre les deux amis, et de l’émotion forte qu’ils vivent et qui les unit à jamais. Le texte est peint, très soigneusement, avec tant de délicatesse, de subtilité, de poésie et de tendresse que nous sommes complètement submergés par cette expérience unique de deux enfants qui ont osé défier la maladie en contournant ses interdits, en inventant une vie différente. Des mots doux, riches et ciselés, légers eux-mêmes comme la poussière d’étoiles, illuminent les pages en nous montrant le chemin qu’ils suivent tous les deux dans leur quête du bonheur. Et nous sommes là aussi, les témoins d’un théâtre imaginaire, sur la plage, couverts par des « gouttes de lumière », parmi les dunes, dans les montagnes hivernales, nous nous roulons dans la neige avec eux et nous dansons ensemble sur les pavés au clair de lune… Nous aussi, nous oublions le danger parce que nous sommes ici pour donner vie à nos rêves, à leurs rêves.

Quand je tourne encore et encore les pages de ce livre, un mot me revient sans cesse : la danse. Car cet album est une danse, une danse de l’amitié, de l’imagination, de l’espoir, de la vie. Tout ici est en train de danser : les illustrations, les mots, la mise en page, le jeu de perspectives, les couleurs, la lumière et les ombres – tout est en mouvement perpétuel, transparent dans sa soif de vivre. Quel talent que celui d’Oreli Gouel ! Son pinceau anime tout ce qu’il touche en incarnant chaque sentiment, chaque émotion, chaque pensée des personnages. Toute double page contient une illustration magique qui mérite d’être encadrée et admirée pendant un long moment. La lumière pâle de la lune éclaire toutes les planches en leur donnant à la fois un aspect mystique et lumineux. Lui, un enfant du soleil, en couleurs chaudes et elle, une enfant de la lune, en couleurs froides, se rencontrent dans cet univers imaginaire à mille et une nuances de bleu – et ils dansent, et ils s’envolent vers leur joie, vers leur bonheur, vers leurs rêves… Splendide, hautement symbolique, magnifique à couper le souffle !

Pour ceux qui n’ont pas encore ouvert ce livre, je vous conseille fortement de le lire et de partager cette lecture avec d’autres. Il le mérite tout à fait et sans hésitation, pour le côté touchant de l’histoire, pour le côté sublime des illustrations, pour le côté remarquable du message qu’il contient, et pour son appel à l’espoir et son amour de la vie.

Un chef-d’œuvre. Bravo aux auteures !

Note : Au clair de lune est paru la première fois en 2007 chez les éditions Gecko sous le titre Il était une fois sous la lune. Le texte était plus long et la fin de cette histoire était tragique. Cette nouvelle version publiée par les éditions Mazurka est entièrement revue.

Recommandé pour :

Lecture partagée
Lecture/animation en groupe