- Auteur : Gilles Abier
- Éditeur : La joie de lire
- Collection : Encrage
- Pages : 160
Présentation par l’éditeur : Petit, mince et palot, Elias a 13 ans mais en paraît 10. Il passe son temps à s’inventer des histoires, des aventures extraordinaires qu’il griffonne ensuite dans un cahier : il a déjà traversé la Manche à la nage, a été disque de Platine, participe à des compétitions nationales de judo… Ses parents sont séparés et il vit la plupart du temps avec sa mère et son nouveau compagnon, un certain Franck qu’il n’apprécie pas beaucoup. Mais depuis quelque temps, la vie d’Elias change. Non seulement il rêve qu’il vole, littéralement, comme un oiseau, mais en plus tout doucement son corps se transforme en celui d’un corbeau. Les pieds d’abord, la voix, le visage, sans oublier sa peur soudaine et irrationnelle des chats. Mais Elias ne veut pas que sa mère et ses meilleurs amis, Mathilde et Milo, s’en aperçoivent… Alors, hallucination ou réelle transformation ? La fin, totalement inattendue, révélera une vérité tragique…
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? « J’ai toujours su qu’un jour il m’arriverait un truc extraordinaire. Depuis que je tiens debout, j’ai la conviction que je suis né pour accomplir un miracle. Ce n’est pas possible autrement. Sinon, comment expliquer la contradiction entre les rêves qui me dévorent et le corps dont je dispose. »
D’où Elias tient cette conviction, personne ne pourrait le dire. De ce corps d’un enfant de neuf ans, petit et frêle, qui enveloppe son âme d’ado de treize ans ? De ces nuits excitantes où il vit plein d’aventures virtuelles audacieuses contrairement à ses journées réelles remplies de banalités ? Ou bien de cette expérience unique qu’il éprouve de plus en plus souvent, ce sentiment de vol au-dessus des maisons et des étangs ? Car dans ces moments il est libre, il retrouve sa vraie identité, « comme si voler était un acte normal, quotidien, professionnel. » Et son identité, Elias la cherche intensément, surtout à partir de l’instant où il découvre que son corps commence à changer. Un changement inattendu, une métamorphose effrayante (pas totalement ?), une transformation irréversible de son corps humain en celui d’un oiseau. Un corbeau, plus précisément.
Comment peut-il gérer cette épreuve ? Et comment ses proches vont-ils l’accepter ? Il y a d’abord sa maman, toujours anxieuse de la santé de son fils, et son nouveau copain Franck, taciturne et indéchiffrable, qui partage avec eux la maison depuis quelque temps. Puis il y a son père, sympathique, qu’il ne voit pas très souvent. Et enfin, ses deux copains irremplaçables : Mathilde, aventurière, et Mylo, son protecteur fidèle, avec qui il partage plein de choses. Sont-ils conscients de sa transformation ? Sont-ils conscients de l’origine et des conséquences de la collision entre la double vie réelle-imaginaire d’Elias ?..
Servi par le style élégant de Gilles Abier, ce roman est une expérience littéraire inoubliable tant par son contenu riche et original que par sa forme méticuleusement travaillée. On retrouve avec bonheur la plume fine, vive et dense de l’auteur qui entraîne le lecteur dans l’univers du protagoniste avec le plus grand naturel et qui le tient suspendu à ses mots jusqu’à la dernière page. Nous admirons cette maîtrise narrative de Gilles Abier qui lui permet d’entrelacer avec justesse et subtilité la dureté des réalités douloureuses d’un ado avec la beauté de ses expériences imaginaires et sa bonne humeur qui fait d’Elias un personnage très attachant. Malgré la menace qui se dessine au fil de l’histoire et dont nous ignorons la nature, le récit est parsemé de touches poétiques et humoristiques qui rendent la lecture facile et agréable. L’auteur joue habilement avec des non-dits et des silences qui s’avèrent essentiels pour la compréhension de la chute troublante, bouleversante, percutante au plus haut point.
Marquant, juste, intelligent et poignant, ce roman est d’une grande acuité psychologique qui restera ancré dans notre esprit pendant longtemps. A mettre dans toutes les mains à partir de 14-15 ans.
« – Mon corps n’a pas arrêté de me démanger de la journée. Peu importait la position que je prenais. Tu ne t’es pas rendu compte ce soir que j’ai passé mon temps à m’étirer les bras, à me tourner les poignets, tendre mon cou, plier les jambes ? Ça vient, Matilde, ça vient ! »
Recommandé pour :
Lecture individuelle |