Le Jour de June (2017)

Posted on
  • Auteure : Anne Loyer
  • Éditeur : Les petites moustaches
  • Collection : Héroïnes
  • Pages : 141

Quatrième de couverture : Juin 1944. Jude s’apprête à débarquer avec les rangers à la Pointe du Hoc. Dans la barge qui prend l’eau, au cœur de la nuit et du froid, c’est l’angoisse qui prime. Accroché à son appareil photo, le jeune reporter veut croire à sa mission : rapporter des images pour témoigner du courage hors norme de ceux qui l’entourent.
Novembre 1940. June, pour ses quatorze ans, reçoit de son grand-père, un Leica. Alors que le Blitz fait rage, ce cadeau, comme sa rencontre avec le photographe de guerre Robert Capa, va changer son destin.

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? 

Chère June,

Je t’écris depuis la rive lointaine du XXIème siècle pour te dire ma profonde admiration devant ta détermination et ton courage pendant les années sanguinaires de la Seconde Guerre mondiale. Tu n’étais qu’une jeune adolescente à l’époque, mais tu as réussi à ne pas t’arrêter devant l’horreur et le désespoir de la guerre. Au contraire, tu as su y trouver une étincelle de l’espoir nécessaire pour te fixer un but précis et aller jusqu’au bout de ton entreprise au nom de la vérité. Et ce n’était pas facile, je sais. Car je t’ai suivie sur tes chemins depuis le jour de ton 14ème anniversaire, en novembre 1940, le jour où tu as reçu ce précieux cadeau de la part de ton grand-père, un Leica, un appareil photo qui deviendra ton fidèle compagnon pour toujours. Je t’ai suivie dans les rues éventrées de Londres, en pleine tempête du Blitz, parmi les décombres fumants, dans  les abris souterrains du métro et de la cave… Je t’ai vue, les yeux épouvantés, regarder le monde qui s’écroulait autour de toi, les morts, les blessés et les vivants qui essayaient de survivre, qui essayaient de continuer à vivre… Je t’ai rejointe dans ta maison, je t’ai écoutée parler avec ton frère Paul, ce jeune violoniste doué qui partira se battre à la guerre, je t’ai écoutée discuter avec ta mère Rachel, infirmière brave et dévouée, j’ai pleuré avec vous la mort de Paul, écrasée sous le poids des silences et des mensonges… Et je t’ai vue prendre des photos, inlassablement, timide au début, de plus en plus sûre au fil des mois, de plus en plus près, de plus en plus souvent, des photos réussies, qui capturaient l’essentiel, qui enregistraient la vie, la peur, la douleur, mais aussi l’espoir… Quatre ans se sont écoulés ainsi, et j’étais heureuse de te voir t’épanouir, personnellement et professionnellement, malgré l’époque sinistre. J’étais heureuse de ton amitié avec le soldat américain Will, de ton travail de reporter au Daily Mirror, et bien sûr, de ta rencontre inespérée avec le plus grand photographe de la guerre, Robert Capa. Te suivant de si près, je n’étais donc pas vraiment étonnée quand en mai 1944 tu t’es lancée dans une entreprise audacieuse et extrêmement dangereuse : changer ton identité, et déguisée en homme, intégrer une équipe du débarquement comme correspondant de guerre. Non, je n’étais pas étonnée de ta décision. Mais j’avais peur quand je t’ai vue dans cette barge remplie de rangers, cap la Pointe du Hoc, quand je t’ai vue plonger dans les vagues glacées sous les tirs mortels, quand je t’ai vue avancer sur la plage qui se colorait rapidement en rouge, chercher un abri dans cet Armageddon pour prendre en photo, encore et encore, la vérité criante sur le courage incroyable des hommes qui ont changé le cours de l’Histoire. Toi, tu es allée au-delà de la peur et des obstacles, et tu as réussi. C’est, peut-être de cela que nous avons tous besoin encore aujourd’hui pour construire le monde en harmonie et en paix. Autant que de nous souvenir et de croire en l’humanité.

Pour cet exemple de ton engagement hors norme et de ton espoir en un avenir meilleur, merci, June !

 

« Le jour de June » ouvre une nouvelle collection de la maison d’édition Les Petites Moustaches, une collection de romans qui met en valeur des femmes, réelles ou fictives, au destin exceptionnel. Le défi du début a été relevé avec brio par la talentueuse Anne Loyer, et nous ne doutons pas que la suite de cette collection suscitera un intérêt grandissant de la part des jeunes lecteurs. Dès les premières pages, l’auteure réussit à dresser un contexte saisissant de réalisme et de sincérité et nous entraîne ainsi au cœur des événements impitoyables de la Seconde Guerre mondiale, côte-à-côte avec June, cette jeune femme unique qui est parvenue à braver la peur et la mort. En racontant ces quelques années de la vie de son héroïne, Anne Loyer saisit l’essentiel de son expérience extérieure et de son évolution intérieure avec une grande justesse et une profonde sensibilité, signe de la forte intimité qu’elle nourrit avec son personnage.

La construction narrative présente une alternance des événements vécus par June dans le passé et du temps présent du débarquement raconté à la première personne, ce qui confère au récit un dynamisme spatio-temporel et une tension palpitante. L’ excellent travail de recherche documentaire effectué par l’auteure apporte une réelle épaisseur à ce roman qui a pour fil conducteur la photographie de guerre. Une écriture fine, fluide, évocatrice, sans fioritures ni morosité, pour dire le drame terrible des victimes de la guerre mais aussi pour crier l’espoir, si fragile, si impossible qu’il puisse paraître et si courageux, si salutaire en même temps. L’espoir qui pousse à lutter, à accomplir l’impensable, à sourire et à vivre.

Un roman fort et haletant qui nous rappelle notre passé et qui nous interpelle sur notre présent, tout en dessinant le portrait d’une jeune femme photographe qui n’a pas hésité à défier l’arrogance de la guerre. A lire absolument !

J’ai pour ma part ressenti une forte émotion Anne Loyer, et je vous remercie pour cette expérience littéraire incroyable !

« Ma belle France était repoussante et horrible, et la mitrailleuse allemande qui faisait crépiter ses balles tout autour de notre vedette bousillait mon retour. Les hommes de mon bateau pataugeaient dans l’eau jusqu’à la taille, leurs fusils prêts à tirer, les poteaux jaillissaient de la mer et la plage fumait en arrière-plan – tout cela était parfait pour le photographe. Je m’arrêtai quelques secondes pour prendre ma première vraie photo du débarquement… » (Robert Capa, «Juste un peu flou », éd. Déplire, 2003)

Recommandé pour :

Lecture individuelle étoile_baladenpageétoile_baladenpageétoile_baladenpageétoile_baladenpageétoile_baladenpage

Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *