Quatrième de couverture : Marguerite est cachée dans le cerisier du jardin. Du haut de son perchoir, elle est un petit oiseau. Sa maman s’approche de son arbre. Elle tient la main d’un monsieur. « Cet homme-là est un ogre, se dit Marguerite. Sa mais est immense. Et sa bouche qui n’a pas de début, ni de fin. » Le soir, l’ogre est toujours là quand elle s’installe devant son assiette. Maman a de la joie dans les yeux. Mais Marguerite ne dit rien.
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Marguerite est une enfant de la Nature : elle aime bien sa chambre verte remplie de fleurs, de branches, de bouts du bois et de feuilles colorées. Elle adore son jardin fleuri et tout ce qui y pousse, particulièrement le grand cerisier où elle passe tout son temps, perchée là-haut comme un petit oiseau. Marguerite est totalement reliée à la nature, elle sent qu’elle en fait intégralement partie, elle s’identifie à ses créatures, et apprécie sa beauté et son pouvoir protecteur. C’est pourquoi elle court se réfugier dans son arbre même pendant la nuit, malgré le froid et la pluie, pour y chercher protection car dans leur vie un Ogre leur est apparu, à elle et à sa maman…
Avec ce nouvel album, Raphaële Frier nous offre une histoire sensible et intelligente qui aborde un sujet délicat : l’arrivée d’un autre homme dans la famille après la séparation de ses parents. Au fil des pages, nous devenons les témoins privilégiés du bouleversement intérieur de Marguerite qui donne suite à différentes perceptions dans sa nouvelle vie. Grâce à la langue poétique et hautement métaphorique du récit, toute une palette des sentiments et des émotions de la petite fille se dévoile devant nos yeux.
Transformée tantôt en petit oiseau, tantôt en poisson sans eau, tantôt en petit hérisson recroquevillé sous la pluie, Marguerite vit avec une force et une profondeur incroyables ce grand changement qui semble la menacer car elle voit dans cet homme-étranger un ogre… Le rôle de la maman est crucial dans cette histoire car elle seule est capable de retrouver sa fille dans le noir, même si cela exige de se transformer en chat, en chouette ou en renard. Elle seule est capable de voir très loin et très profondément dans le cœur de son enfant, elle seule est capable d’une vraie consolation qui va aider Marguerite à accepter quelqu’un d’autre dans sa vie.
Le texte de l’album est caractérisé par une extrême finesse et sensibilité, le vocabulaire est riche et très soigné, l’écriture est fluide et douce ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas l’auteure de poser ses mots avec justesse et réalisme, du début à la fin.
Et puis, il y a les illustrations, au crayon et à l’aquarelle, aux couleurs tendres, toutes sur double page, avec une multitude de détails, tous mignons – une pure merveille ! C’est tout simplement magique, ces images fantaisistes, dans lesquelles ressortent toutes les émotions de Marguerite : la représentation originale de la surprise, de la peur, de la révolte, de la tristesse, du désespoir…Il y a cette force évocatrice qui émane des pages grâce au talent de Solenn Larnicol (qu’il est touchant ce message dans le carnet ouvert de Marguerite !) et qui crée une boule d’émotion dans la gorge.
Une pépite d’album, plein de charme, de fraicheur et de tendresse. A ne pas manquer !
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Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.
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