- Titre original : The Terrible Thing that happened to Barnaby Brocket
- Auteur : John Boyne (2012)
- Illustrateur : Oliver Jeffers
- Traductrice : Catherine Gibert
- Éditeur : Gallimard Jeunesse
- Pages : 296
Quatrième de couverture: Tout est normal chez la famille Chevreau. Ennuyeux, respectables et fiers de l’être, Alistair et Éléonore Chevreau ont horreur de tout ce qui est différent. Or quand leur troisième enfant, Barnabé, vient au monde, il faut se rendre à l’évidence : il est plutôt spécial. A la grande honte de ses parents, Barnabé défie les lois de la gravité : il vole! C’en est trop pour Éléonore et Alistair, qui prennent un jour une terrible décision…
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Pour toutes ces choses que nous aimons tant chez John Boyne: sa plume audacieuse et délicate, sérieuse et humoristique, sincère et poétique en même temps.
John Boyne n’arrête pas de nous surprendre par l’originalité de son approche à traiter des sujets délicats et graves. Ce roman nous parle de normalité et de différence d’une manière particulière et inoubliable. Nous avons sous nos yeux la vie et les aventures de Barnabé, un petit garçon anormal qui n’obéit pas aux lois de la gravité. Un garçon qui vole, pas plus compliqué que ça, et pourtant, c’est le phénomène le plus étrange qui soit jamais arrivé à ses parents et à son entourage. Et c’est ici que se trouve la difficulté: l’incapacité des gens à accepter quelqu’un qui ne leur ressemble pas. Toute la vie des parents de Barnabé semble être bouleversée par ce comportement inacceptable de leur fils. Ils sont prêts à se débarrasser de ce problème allant jusqu’à la solutions extrême…
Au cours de ses aventures, Barnabé va découvrir qu’il n’est pas seul dans son anormalité, ce qui va le soulager et lui apprendre à accepter, et même apprécier sa différence. La vérité est simple: « Ce n’est pas parce qu’on a une idée de la normalité qui n’est pas celle des autres qu’on n’est pas normal pour autant », comme le dit un des personnages du roman. Grâce aux nombreuses rencontres qui s’avèrent cruciales pour sa compréhension du monde et de sa place dans ce monde, Barnabé va finir par être fier de sa différence et être capable de prendre une décision importante dans sa vie.
J’ajouterai ici que notre jeune héros, malgré tout ce que lui est arrivé, ne ressent pas d’amertume envers sa famille et reste positif dans ses attitudes et ses actions. C’est un personnage très agréable et attachant, qui est à l’écoute des autres, capable de trouver une solution pour les aider et leur donner envie d’améliorer leur existence.
J’ai beaucoup aimé le style de l’écriture de John Boyne, qui ressemble, d’ailleurs, à celui de Roald Dahl dans son côté excentrique, exagéré et ironique. Le texte se lit d’une traite et le message va droit au cœur du lecteur. Je soulignerai ici le rôle d’une bonne traduction dans la compréhension et l’appréciation générale du roman (ce que l’on oublie, malheureusement, de faire dans la plupart des cas…): bravo à la traductrice qui a su nous transmettre avec brio l’ambiance particulière du récit et le souffle frais de John Boyne! Je ne vais pas trop parler des illustrations d’Oliver Jeffers : comme toujours, il sait parfaitement capturer les moments clés et insuffler la vie et la force au texte (vous l’avez déjà surement apprécié:)
Nous avons besoin de livres comme celui-ci, particulièrement dans la société d’aujourd’hui. Tous les jours, nous sommes témoins des efforts exaspérés des personnes qui se battent pour défendre leur différence. Tous les jours, nous sommes témoins de ceux qui veulent les aider ou, au contraire, font tout pour détruire ces efforts et les faire taire. Ce roman nous met devant un miroir où nous pouvons nous interroger sur nos attitudes par rapport à la normalité et à la différence.
A lire, à lire, à lire!.. Pour les plus jeunes et pour les plus grands.
Mon extrait préféré
Il se fit la réflexion qu’être normal n’était peut-être pas aussi formidable qu’on le disait. Combien de garçons prétendument normaux avaient vécu les mêmes aventures que les siennes, rencontré les mêmes gens que lui ? Combien d’entre eux avaient parcouru le monde et aidé autant de gens en chemin ?
Et pourquoi serait-il celui qui n’était pas normal ? Était-il normal de percer un trou dans un sac à dos et d’expédier un garçon de huit ans on ne sait où ? Était-il même normal de vouloir à tout prix être si normal ? […]
Il comprit alors qu’il aimait être différent. Après tout, c’était ainsi qu’il était né, ainsi qu’il était censé être. In ne pouvait permettre qu’on change cela.
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