- Auteur : Pierre Zapolarrua
- Illustratrice : Anastasia Parrotto
- Éditeur : MeMo éditions
- Collection : Petite Polynie
- Directrice de la collection : Chloé Mary
- Public visé : 7 ans et plus
- Thème : amitié, liberté, tolérance, différence, exclusion, curiosité
Présentation par l’éditeur : Sous son plumage maigrichon, Hamaika est une poule bien curieuse. Elle aime s’aventurer loin du poulailler, toujours plus loin. Pour ses consœurs poules, Hamaika a un grain. Pas un grain de maïs, puisqu’elle oublie souvent de se nourrir, mais un grain perché en haut de son cou interminable : Hamaika a la tête en l’air parce que le cœur traversé. Dans ses yeux avides, tout et chacun est un enchantement permanent. Justement, un jour particulier de rêverie, Hamaika marche sur la queue d’un poisson échoué sur la plage. Il se passe quelque chose entre eux. Quelque chose d’hypnotique, de magique. Lui aussi, il est curieux, exceptionnel. Tout à leur joie amicale, ils décident de faire les présentations aux uns et aux autres. C’est la catastrophe. Désormais, il va falloir battre des ailes.
A contre-courant de l’impossible
« Après quelques minutes ainsi perdus dans leurs pensées, ils étaient tous deux parvenus à la même conclusion : tout bien considéré, qu’est-ce que ça change ? Que pèsent ces différences si on s’entend, se comprend et s’aime bien ? »
Quelques grains de réflexion picorés dans cette lecture
Se baisser pour entendre la voix de l’amitié
Marcher sur la queue d’un poisson, cela peut arriver à tout le monde. Certains, s’en apercevant, le contourneront et continueront tranquillement leur chemin. D’autres passeront dessus en l’ignorant complètement. Mais combien parmi nous s’attarderont pour l’écouter ?.. Hamaika, une poule unique dans son genre, guidée dans la vie par une curiosité insatiable, a su non seulement écouter mais aussi entamer une conversation avec celui qui était coincé par mégarde sous ses pieds. Et cela a chamboulé son existence de poule. Car parfois les plus belles amitiés naissent d’une voix provenant d’en bas.
Hamaika a écouté, éblouie, fascinée. Le petit poisson lui parlait des crépidules, des coquillages, des hippocampes et d’autres merveilles sous-marines totalement inconnues pour elle. Avec ses mots enthousiastes, il dessinait un monde caché, sublime qui s’ouvrait devant Hamaika comme la promesse d’une expérience exceptionnelle. Elle était impressionnée par ce petit poisson, elle était enchantée par cette rencontre, elle avait aussi envie de partager avec lui ses propres découvertes. Et elle a parlé. Car une amitié, c’est aussi parler en écoutant l’autre. C’est également cette envie de partager des instants magiques savourés en solitude.
©Editions MeMo
Se reconnaître dans l’autre, ne plus se reconnaître
Avec la première rencontre, vient la soif d’autres. Envie de revoir son ami, angoisse de ne plus le revoir. Et puis ce bonheur des retrouvailles, ce plaisir d’une découverte mutuelle. La connaissance de l’autre débute avec son nom. Mais comment faire quand l’autre n’a pas de nom ? Car « chez les poissons, il n’existe ni « endroit ni noms », tous faisant partie « d’un ensemble, d’un tout ». Pour Hamaika, dont le nom signifie « onze-infini », c’est incompréhensible. Tout comme pour le poisson, avoir un nom ou appartenir à un endroit paraît bizarre. C’est à ce moment que tous les deux se rendent compte d’un paradoxe propre à l’amitié. La joie de découvrir leurs ressemblances est accompagnée par la frustration de voir apparaître leurs différences ! Car l’amitié, c’est aussi cela: à travers nos points communs, comprendre nos différences et aller au-delà.
Hamaika et le poisson ne s’arrêtent pas à la frontière de leurs deux univers bien éloignés, ils décident de la traverser, sans compter les passages. Ils pourront ainsi apprivoiser des étrangetés. Peut-être même choisir un nom pour celui qui n’en a pas. Hamaika propose celui de Jonas, le poisson s’en saisit avec entrain et devient « particulier ». Car l’amitié fait de nous les êtres particuliers.
©Editions MeMo
Voler dans des eaux, nager dans des champs
Où se trouvent les limites du partage entre les amis ? Comment mesurer l’envie d’introduire l’autre dans notre univers pour qu’il en fasse partie intégrante de façon immuable ? Hamaika veut présenter Jonas aux siens, même si elle se doute de leur méfiance, de leur esprit fermé aux nouveautés et aux changements. Malgré tout, elle trouve des moyens pour transporter Jonas dans son monde terrien. Et Jonas en est ravi. Il voit son océan de loin, comme il ne l’a jamais vu auparavant. Et c’est magique. Il découvre la ferme, les poules jacasseuses et excitées – et il trouve cela incroyable ! Il ne détecte pas l’hostilité qui règne sur place ni le mépris à son égard. Il est émerveillé par cette expérience jamais vue, généreusement offerte par Hamaika.
Puis il décide à son tour de l’inviter chez lui pour rencontrer ses congénères. C’est ainsi que Hamaika se retrouve à nager parmi les vagues et fait la première plongée de sa vie. Éblouie par la beauté du monde sous-marin, elle ne s’aperçoit pas de l’indifférence froide qui lui est réservée par le banc de Jonas. Et c’est mieux ainsi. Les présentations, en réalité, n’ont aucune importance. L’important, c’est de vouloir traverser la lisière de l’inconnu et de l’accepter tel quel. Car l’amitié permet aussi de voyager loin pour comprendre l’autre tout en se redécouvrant soi-même. Même s’il reste des questions sans réponse.
©Editions MeMo
Les mots et les couleurs pour une amitié extraordinaire
L’histoire de Hamaika et du poisson est l’histoire d’une amitié ordinaire. Nous l’avons tous vécue à un certain moment de notre vie. Une amitié joyeuse, curieuse, anxieuse, généreuse, enthousiaste, exaltante, jalouse, impatiente, silencieuse, ingénieuse…
L’histoire de Hamaika et de Jonas est l’histoire d’une amitié extraordinaire. Seuls quelques-uns parmi nous en ont l’expérience. Une amitié qui dépasse les frontières visibles et invisibles, qui fait fi des jugements et des préjugés, qui essaie et atteint l’impossible, qui laisse partir, qui transforme les autres et change un peu le monde…
C’est pour cette raison que l’histoire de Hamaika et de Jonas est si belle, si touchante, si humaine. Prouesse de la part de l’auteur, de pouvoir trouver les mots qui parlent et se font entendre, qui disent juste et se font comprendre, qui se posent sur les actions, les sentiments et les réflexions avec délicatesse et sincérité. Au moment où l’on peut penser que tout avait déjà été dit sur l’amitié (et que cela ne vaut pas la peine de s’y attarder), les mots de Pierre Zapolarrua apparaissent pour nous dire le contraire. Et nous fasciner. Les mots simples, les mots recherchés, les mots nourrissants, les mots germés comme des petites graines à picorer doucement en dégustant cette grande aventure de Hamaika et Jonas.
Quelles couleurs déployer pour dessiner l’amitié de Hamaika et du poisson ? Quelle forme attribuer à leur univers ? Anastasia Parrotto va chercher dans des teintes chaleureuses, elle éclabousse les pages avec des nuances de rouge-rose-jaune-orange-gris délavés, elle fait fleurir les corps du texte avec des feuilles plumeuses et des plumes feuilletées, elle fait tomber par ci, par là des touches rieuses, humoristiques. Et elle trace des lignes multicolores à l’infini.
©Editions MeMo
Les atours gracieux et lumineux pour ce nouveau roman de la formidable collection « Petite Polynie » dirigée par Chloé Mary. Un roman profond, universel et d’une terrible actualité.
Un roman comme un écho de nos espoirs pour l’Humanité. Un roman comme un arc-en-ciel de l’amitié.
Un bijou.
AUTEUR :
Fromage et dessert littéraires. Telle est la devise de Pierre Zapolarrua, écrivain qui sait faire chanter dans sa voix ses origines faites à cœur (basque et berrichonne ; toulousaine de longue adoption), les enfances, les enrichissements des métiers (graphiste, journaliste, maçon, et actuellement professeur d’histoire) et les imaginaires des pseudonymes, et ses goûts pour une littérature humaniste à « la chaleur colorée » et désobéissante. (Source : le site de l’éditeur)
ILLUSTRATRICE :
Recommencer. Recommencer un dessin, réfléchir et chercher. Pendant ses études à l’ERG, école de recherche graphique bruxelloise, Anastasia Parrotto s’est intéressée au livre d’artiste, comme un creuset de réflexions et de pratiques, de recherches incessantes. La découverte de la littérature de jeunesse en tant que libraire avide et de la transmission comme enseignante d’arts plastiques et d’histoire de l’art ont nourri son goût pour la couleur et le dessin, ces temps où des personnages « vont changer sur la feuille ». Un commencement de vie grâce au recommencement patient d’une artiste. (Source : le site de l’éditeur)
Site Internet : https://anastasiaparrotto.allyou.net/3375317/illustration
ÉDITEUR :
Les Editions MeMo furent créées en 1993 par Christine Morault et Yves Mestrallet. D’où le nom MeMo. Ils ont commencé par publier deux livres par an, et en proposent maintenant de 25 à 30 par année. Memo a un visage ouvert: ils aiment la poésie, le jeu, une esthétique spartiate, et prennent des risques! Ils savent aussi accorder leur chance à des nouveaux-venus de talent. Et parfois redonnent vie à quelques classiques. (Source : Ricochet)
Site Internet : https://www.editions-memo.fr/
Découvrir la collection Polynies : https://www.editions-memo.fr/collection/polynies/
L’entretien avec Pierre Zapolarrua : https://nouvellesdepolynies.blogspot.com/2019/01/nepas-baisser-les-ailes-rencontreavec.html
L’interview de Anastasia Parrotto : https://nouvellesdepolynies.blogspot.com/
COUP DE CŒUR
Recommandé pour :
Lecture partagée/individuelle | |
Note : Merci à Chloé Mary, Pierre Zapolarrua et aux éditions MéMo pour cette lecture !
J’aime beaucoup les illustrations ! Et l’histoire a tout pour me plaire…
Oui, c’est un très beau roman !