Quatrième de couverture : Je m’appelle Rafael et je suis né sur l’île de Cuba. Je suis le fils d’esclaves en fuite. Quand j’étais enfant, je vivais à La Havane, chez la Vieille Jaba. Mais un jour, elle m’a vendu à un marchand portugais. Pour me rassurer, elle m’a dit qu’en Europe je serai libre, que là-bas les esclaves n’existaient pas. Et me voilà sur un bateau, direction le vieux continent! C’est sur le pont de ce navire que j’ai trouvé Habana, ma mouette. Elle était blessée, alors je l’ai soignée. Très vite, elle m’a accompagné dans toutes mes aventures. Car ma vie a été incroyable! Moi le fils d’esclaves, l’enfant qu’on montrait du doigt, j’allais être le premier artiste noir à devenir célèbre et être applaudi par le Tout-Paris…
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Il s’appelle Rafael. Il est né à Cuba dans une famille d’esclaves. Il a la peau noire, un cœur grand ouvert et un immense amour de liberté. Il adore la musique, la danse et les jeux avec ses amis. Il sait faire plein de choses, il sait se débrouiller tout seul même quand la vie est dure. Et il a un rêve, un rêve extraordinaire qui va se réaliser. Car lui, Rafael, va devenir renommé, le premier artiste noir réputé en France, largement aimé et acclamé par le public parisien. Il va devenir le célèbre Clown Chocolat.
Il est là, devant nous, ce garçon tout à fait ordinaire à première vue, mais avec un destin si incroyable ! Car qui parmi nous peut comprendre ce que veut dire d’être enfant d’esclaves, ce que signifie d’être vendu et envoyé loin de ses proches, loin de ce qui est cher à son cœur… Rafael, lui, connaît les conséquences de l’esclavage et le prix de la liberté. Il a dû passer par des expériences difficiles, par le labeur, par la misère, par l’humiliation. Il a connu le bonheur de l’amitié et la tristesse de la séparation. Mais il a su également préserver sa joie de vivre, il a su profiter d’instants de douceur, de partage, de beauté, de silence. Malgré les préjugés, les stéréotypes et souvent la cruauté de l’époque, Rafael a réussi à vivre au-delà de l’amertume et de la déception. Il a toujours été celui qui sait écouter les autres, qui est capable de voir leur peine et de tout faire pour la soulager.
Guidés d’une page à l’autre par la plume légère et exquise de Bénédicte Rivière, nous nous retrouvons rapidement à côté de Rafael, subjugués par le sentiment d’une profonde complicité qui naît entre nous. Que ce soit en bateau pour l’Espagne, dans les rues de Bilbao ou dans le Nouveau Cirque à Paris, nous ne pouvons plus laisser Rafael car nous avons une envie irrésistible, tout comme lui, d’aller de l’avant, de surmonter les obstacles, de lutter pour le droit de réaliser son rêve et d’être heureux. Grâce à lui, nous découvrons aussi la valeur d’une amitié pure et sincère, l’importance de persister dans ses efforts, la grandeur de la dignité, du courage, de l’empathie…
Et que dire de l’écriture ? Élégante, envoûtante, très soignée et inspirée, elle témoigne du talent indiscutable de l’auteure de savoir captiver le lecteur et le garder accroché aux aventures de Chocolat jusqu’à la dernière page. D’ailleurs, on peut presque sentir la passion qu’éprouve Bénédicte Rivière pour son héros et qu’elle sait habilement transmettre à ceux qui lisent ce roman.
L’auteure réussit à offrir une histoire à la fois magnifiquement construite et illuminée par ses touches très poétiques, une histoire qui nous procure un immense plaisir par sa musicalité et sa sensibilité. Derrière les mots et les phrases, on entrevoit le profond travail de recherche documentaire qu’elle a fait pour dévoiler au lecteur, tout en subtilité, la vie du jeune Chocolat. Avec son style dynamique, ses multiples dialogues très expressifs, ses chapitres courts et l’écriture à la première personne, ce roman se prête facilement à la lecture par les enfants à partir de 8-9 ans.
« Je suis Chocolat ! » met en lumière une partie de la vie du clown Chocolat, notamment son enfance et son adolescence, ce qui le rendra sans doute très proche du jeune lecteur/de la jeune lectrice. C’est un très beau cadeau que nous font avec ce livre Bénédicte Rivière et les éditions Les petites moustaches. C’est aussi un hommage précieux à Chocolat, cette personnalité fort attrayante et si bienveillante, qui a su atteindre son rêve ainsi que les cœurs de beaucoup. A lire et à partager absolument !
Recommandé pour :
Lecture individuelle |
Note : Bénédicte Rivière, comédienne et auteure jeunesse, a rencontré le personnage de Chocolat pour la première fois en écrivant un livre sur les personnalités remarquables du théâtre, de la littérature et du cinéma « Arlequin, Charlot, Guignol et Cie » (Actes Sud Junior, 2013). Comme elle l’admet, « c’était un coup de foudre » qui aboutit dans son envie de découvrir la vie de Chocolat (Rafael Padilla). Depuis ce moment-là, elle mène une recherche historique afin de se documenter suffisamment pour écrire un roman consacré à ce personnage. Sa source principale d’informations était le livre « Chocolat Clown Nègre » écrit par l’historien Gérard Noiriel (Bayard éditions, 2012). Ainsi, en janvier 2016, sort son roman « Je suis Chocolat ! » (éditions Les Petites Moustaches) pour les 8-12 ans, puis en février, l’album-documentaire « Monsieur Chocolat » illustré par Bruno Pilorget (éditions Rue du Monde).
Chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.