- Titre original: Rooftoppers (2013)
- Auteur : Katherine Rundell
- Éditeur : Les Grandes Personnes
- Pages: 284
- Prix remporté: Prix Sorcières (Romans Juniors) 2015
Quatrième de couverture: Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. La jeune Anglaise demeure cependant persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche.
Alors, lorsque les services d’Aide à l’enfance menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit farfelu aux méthodes d’éducation fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci décide de poursuivre ses rêves et part pour Paris avec lui sur les traces de la disparue…
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? J’ai tout simplement adoré ce roman au titre et à la couverture très poétiques. C’est un de ces romans qui, une fois commencé, ne peut plus être reposé sans avoir été dévoré jusqu’à la dernière page. C’est un de ces romans que l’on lit un crayon à la main tant il est richement parsemé de pensées originales et de réflexions subtiles qui font vibrer les cordes de notre cœur. C’est un de ces romans qui pointe avec justesse les défauts de notre société, de l’absurdité des normes dictées par les habitudes jusqu’aux idées préconçues et la logique du monde des adultes.
L’auteur choisit un sujet qui, à première vue, est tout à fait ordinaire: une petite orpheline Sophie, des services sociaux débordants d’insensibilité (voire de stupidité) qui veulent l’arracher à son tuteur auquel elle est très attachée, son envie de retrouver sa maman… Pourtant, tout dans cette histoire est inhabituel. Le cadre dans lequel Katherine Rundell place son roman est intemporel (les évènements décrits pourraient autant se dérouler au début du siècle que de nos jours). Les personnages sont originaux, attachants, inoubliables. Charles, le tuteur, « respirait la bonté là où d’autres se contentaient d’oxygène »; Matteo, un ami, vivait lui sur les toits (un « danseur du ciel ») pour échapper à la société. Quand à Sophie, une « chasseuse de maman », elle mène sa quête avec foi, courage et persistance.
Au fur et à mesure du développement du récit, on découvre une multitude de faits insolites sur la vie en hauteur (variété de toits, modes de survie impressionnants, créativité des « danseurs du ciel »). On se prend à suivre avec intérêt les réflexions des enfants sur les oiseaux, les êtres humains, la musique… La musique, qui d’ailleurs ouvre et boucle le récit sur des notes vibrantes car la « musique a des pouvoirs magiques ».
C’est un roman magnifiquement écrit, qui nous irradie de fraicheur et d’originalité. Le texte contient de nombreux dialogues très expressifs ainsi que des descriptions colorées qui dynamisent le récit, le rendent très réel, presque palpable. Jouant comme un concerto au violoncelle, l’auteur diffuse une musique d’amour, de courage et de confiance en soi-même et envers les autres.
Un livre pour se persuader de ne « jamais négliger une possibilité » (même la moindre) dans la vie!
Mon extrait préféré
Elle n’avait jamais eu moins peur de toute sa vie. C’était peut-être ça, l’amour. Non pas quelque chose qui vous procure le sentiment d’être unique. Mais plutôt quelque chose qui vous donne du courage. Comme une ration d’urgence dans le désert, ou une boite d’allumettes au fond d’une foret obscure. L’amour et le courage: deux mots pour désigner la même chose. Peut-être n’était-il même pas nécessaire que la personne soit avec vous. Il suffisait qu’elle soit en vie, quelque part. La mère de Sophie était tout cela, depuis toujours. Un lieu où déposer son cœur. Une air de repos où reprendre son souffle. La carte d’une constellation.
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