- Auteure : Angèle Delaunois
- Illustratrice : Christine Delezenne
- Éditeur : Isatis
- Collection : Tourne-pierre
- Prix et distinctions : Sélection IBBY INTERNATIONAL 2011 Outstanding books for Young People with Disabilities; Prix d’illustration Elisabeth Mrazik Cleaver 2009; Sélection Communication-Jeunesse 2009-2010; Sélection White Ravens 2009; The Year’s best list 2009 – Resource Links; Finaliste au prix Toronto-Dominion 2009; Finaliste au prix Alvine-Bélisle 2009
Quatrième de couverture : « J’ai ouvert grands mes yeux. Sur ce bonheur tout simple. Dans ce nid de soleil, entourée de sourires,c’est là que j’ai poussé, possédant la maison, sur la pointe des pieds, cueillant les papillons et le parfum des roses. Dans les rires de Baba, j’apprenais notre histoire. Bercée par son amour,nous n’avions nul besoin d’utiliser la clé. »
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? La guerre, le chaos et l’injustice frappent de nombreux pays dans le monde, dont la Syrie qui est ravagée depuis déjà plusieurs années en subissant une violence particulière. La crise migratoire actuelle à laquelle est confrontée l’Europe suscite une multitude de différentes réactions, discussions, émotions qui résonnent abondamment dans les médias en faisant appel à la réflexion et à l’action. Et que de populations menacées par la guerre, anéanties par la cruauté, chassées de leur propre pays, écrasées par le désespoir, fatiguées par la lutte pour leur survie …
En me rapprochant de leur douleur immense, je voudrais revenir sur un ouvrage, magnifique et percutant, publié aux éditions Isatis en 2008, qui est plus actuel aujourd’hui que jamais.
Tout en douceur, mais avec une force incroyable, les auteurs dévoilent devant nos yeux un tableau impressionnant, chargé de souvenirs, de sentiments et d’émotions qui s’étalent en couleurs tantôt lumineuses tantôt sombres sur les pages de cet album. Angèle Delaunois choisit ses mots avec soin : ils nous réjouissent en évoquant les souvenirs heureux, ils nous réchauffent en parlant du bonheur et de l’amour, ils nous bercent en parlant de la sécurité et de la famille. Mais quand la guerre fait son intrusion, et que l’univers tranquille d’une enfant bascule, ses mots nous frappent, nous bouleversent, nous émeuvent considérablement. Grâce à ces mots, nous pouvons ressentir l’expérience douloureuse et triste de la vie dans un camp de réfugiés, de la déception, du découragement, de la perte des proches, et ce qui est encore plus grave, de l’abandon de l’espoir.
Malgré la gravité du sujet, cet album n’est ni déprimant ni triste. Au contraire, ce texte est une ode à l’espoir, au courage, à la persévérance, à la lumière, à la vie. Il suffit de voir les couleurs éclatantes des dernières pages, de regarder dans les yeux de la jeune femme, durcie par les épreuves, mais bien déterminée à être heureuse, de retrouver la clé qui est le symbole non seulement du pays natal perdu et tellement pleuré, mais aussi d’un gage du retour chez soi, des liens qui ne se défont pas et de l’espoir qui perdure malgré tout.
Le travail de l’auteure /l’illustratrice est synchronisé à merveille, et on ne sait plus où on se perd : dans la beauté poétique des mots ou dans l’ambiance envoûtante des illustrations.
Cette lecture laisse des parfums dans l’air : celui de l’oranger, de l’olivier, de l’enfance, de la liberté…Ce beau livre donne la parole à ceux, et plus particulièrement à celles, qui sont sans voix, parce qu’ils/elles ne peuvent plus lutter, parce qu’on ne veut pas les entendre…Cette lecture est un bijou qu’il est primordial de faire découvrir : par les jeunes cœurs et aussi par nous, les adultes.
Mon extrait préféré
Ce pays est à moi,
Gravé dans ma mémoire.
J’en possède l’histoire,
Le murmure argenté
De tous les oliviers…
Le miel doux des oranges…
Le jus piquant des vignes…
Et la subtile musique
De ses nuits étoilées…
Un jour, j’y reviendrai !
Suspendue à mon cou,
Par une chaîne dorée
J’en ai toujours la clé.
Recommandé pour :
Lecture partagée | |
Lecture/animation en groupe |
Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.