• Auteure : Geneviève Clastres
• Illustratrice : Sandrine Thommen
• Éditeur : HongFei Cultures
• Collection : En quatre mots

Quatrième de couverture : Un marchand vante ses boucliers si solides que rien au monde ne pourrait les transpercer. Plus tard, le même homme chante la qualité de ses lances auxquelles aucune surface ne saurait résister. Cherchez l’erreur… Sur la plage, alors que la bécassine pique la chair fraîche de la palourde, le mollusque coince le bec de l’oiseau en refermant vivement sa coquille. Qui sortira vainqueur de ce duel?

Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Ce bel album aux teintes pastel et aux traits délicats nous propose deux voyages enrichissants en Chine antique. Dans un premier temps, nous nous retrouvons dans la vallée de Chu, au milieu d’un marché bruyant et bouillonnant de gens, d’animaux et de marchandises diverses. Notre attention est particulièrement attirée par un marchand ayant un énorme chariot rempli de lances et de boucliers. L’homme, plein d’ardeur, s’adresse aux passants avec acharnement, en vantant d’abord ses boucliers, puis ses lances. Comme personne ne peut se décider d’en acheter, le marchand s’obstine dans ses efforts de vanter la qualité supérieure de sa marchandise en exagérant de plus en plus jusqu’au moment où il se fait interroger par un passant. Car, si ses boucliers sont indestructibles et robustes hors compétition, et si ses lances sont les plus acérées du monde, que se produirait-il au cas où l’on essayerait de transpercer un de ses boucliers avec une de ses lances ?..

Notre deuxième voyage nous amène sur une plage de la mer de Chine, en pleine journée d’été, chaude et ensoleillée. La plage est presque déserte, à l’exception d’une palourde grande ouverte et, une minute après, d’une bécassine affamée qui se lance droit sur elle. Mais au moment où le bec de l’oiseau touche son intérieur, le coquillage se referme avec force, et la bécassine reste coincée. Ainsi, les deux se débattent, puis se disputent, en se menaçant mutuellement, chacune décidée de ne laisser partir l’autre à aucun prix. C’est dans cet état-là, extrêmement épuisées, mais accrochées ensemble, qu’un pêcheur qui passait à côté les trouve. Finalement, sa journée de pêche n’était pas perdue…

Ce nouvel album chez les éditions Hongfei Cultures fait partie de la collection « En quatre mots », qui propose au lecteur des célèbres fables chinoises résumées par chengyu – tournures idiomatiques composées de quatre mots et imprégnées de sagesse populaire. Les deux histoires sont livrées par Geneviève Clastres, sinologue et amoureuse de la Chine, qui nous fait vivre des situations comiques et pleines de profondeur grâce à son talent de conteuse ainsi qu’à sa plume bien maitrisée et particulièrement raffinée. Les mots riches, savoureux et rythmiques font vibrer les pages et se joignent avec douceur aux illustrations merveilleuses dans leur subtilité et leur délicatesse. Les planches, qui s’étalent sur double page, réjouissent l’œil par leurs couleurs tendres, par leur composition harmonieuse, par leurs perspectives splendides et par leur grand souci du détail. Elles animent les histoires avec brio et traduisent leur ambiance à la perfection. Il s’en dégage un parfum de sérénité qui rehausse le côté philosophique de l’ouvrage.

« La lance et le bouclier » nous invite à la méditation, tout en partageant avec nous une expérience unique de savoir-vivre et de savoir-faire. Sa force réside dans son caractère intemporel, dans sa sagesse remarquable ainsi que dans sa beauté soignée, épurée.

Un livre élégant, sophistiqué, intelligent. A lire et à discuter avec les enfants à partir de 7 ans.

Recommandé pour :

Lecture partagée
Lecture/animation en groupe

Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.