- Titre original : The Girl Who Circumnavigated Fairyland in a Ship of Her Own Making (2011)
- Auteure : Catherynne M. Valente
- Traducteur : Laurent Philibert-Caillat
- Illustratrice : Ana Juan
- Éditeur : Balivernes
- Pages : 256
- Prix remportés : Andre Norton 2009, Locus du meilleur roman pour jeunes adultes 2012, Prix Imaginales 2016
Quatrième de couverture : Septembre a douze ans et aspire à l’aventure. Quand le Vent Vert et le Léopard des Petites Brises l’invitent en Féérie par , bien sûr, elle accepte. Elle découvrira qu’elle seule peut libérer Féérie de la main de fer de la Marquise. En compagnie d’un Vouivriothèque, elle perdra son cœur, ses chaussures, son ombre et son chemin, mais trouvera le courage, une Cuiller et bien plus encore…
Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Quelque part dans notre monde, peut-être loin de chez nous, peut-être beaucoup plus proche que l’on peut s’en douter, il existe une ouverture dans un autre univers, un passage secret dans un autre monde, magique et mystérieux, appelé Féérie. Ce monde inconnu, plein d’énigmes, de surprises et d’attraits, se situe quelque part entre la réalité et le rêve. Y entrer est réservé seulement à certains ou certaines parmi nous. On ne sait pas exactement selon quels critères se fait le choix, mais une chose est sûre : il faut avoir un cœur d’enfant, ou plutôt un cœur qui est en train de « pousser ».
C’est peut-être aussi pour cette raison qu’un jour, une fillette appelée Septembre, a eu la chance de rencontrer le Vent Vert directement à la fenêtre de sa cuisine et de se faire emporter par le Léopard des Petites Brises dans ce pays qui fait rêver depuis toujours – en Féérie. Septembre ne dit même pas au revoir à ses parents qui, d’ailleurs, ne sont pas très présents dans sa vie (son père est à l’armée et sa mère passe toutes ses journées au travail où elle construit des moteurs d’avions). La petite fille a soif d’aventures et laisse sa vie ordinaire derrière elle sans regret. Alors, ses aventures commencent !
Septembre est propulsée dans un autre monde qui, dès le début, s’avère complètement différent de tout ce qu’elle a connu auparavant. C’est un univers étrange, un peu capricieux, souvent incompréhensible, qui suit sa propre logique et ses propres lois. On y trouve du charme et de la beauté, mais également du danger, voire du péril. La fillette va rencontrer des personnages extraordinaires, des créatures féériques, elle va se faire des amis fidèles comme Vouivriothèque (une créature mythologique, hybride de la vouivre et de la bibliothèque) ou Samedi (un Djinn sous la forme d’un garçon à la peau bleue). Elle va connaître une expérience singulière en passant par des épreuves difficiles et par des sacrifices, elle va apprendre à faire des choix et à prendre des responsabilités, elle va accepter d’accomplir la mission imposée par la tyrannique Marquise et d’aller jusqu’au bout de sa vie pour le bien des autres.
Car tout ce chemin qu’elle doit faire est un passage vers la maturité : grâce à son vécu très excitant mais également douloureux, Septembre va rassembler les morceaux du puzzle gigantesque de Féérie tout comme celui de sa propre existence. Toutes ses péripéties vont l’aider à grandir, à apprécier par-dessus tout la force de l’amitié, la valeur du courage, de la fidélité, de la persévérance, de l’espoir. Même si pour se retrouver, il faut d’abord se perdre, même si pour arriver à destination, il faut construire un bateau de ses propres mains…
Lire Catherynne M. Valente (merci au traducteur !) est, sans aucun doute, un pur plaisir. L’auteure possède le talent d’une vraie conteuse : elle raconte son histoire doucement et harmonieusement, nous berçant au rythme d’un langage mélodieux, sophistiqué et hautement poétique. Telle une magicienne des mots, elle tisse une tapisserie féerique introduisant subtilement de nombreuses références aux grands classiques de la littérature fantastique (Alice aux Pays des Merveilles, Le magicien d’Oz, Les Royaumes du Nord, etc.) ainsi que différentes mythologies et des personnages mythiques provenant de diverses cultures et folklores. Son récit nous saisit par la richesse des symbolismes et des métaphores. Ainsi, le lecteur se trouve devant le défi de les déchiffrer, en découvrant les différents niveaux de sens comme en effeuillant un artichaut avant d’atteindre le cœur de l’histoire dans toute sa beauté. La division en chapitres avec de courts résumés est bien réfléchie et aide à suivre les événements avec une plus grande facilité. De belles illustrations crayonnées sont elles aussi très symboliques et ajoutent au charme et à l’élégance du roman.
Un roman prodigieux à ne pas manquer. Une lecture intelligente, envoûtante et profonde qui va plaire aux petits/es ainsi qu’aux grands/es rêveurs/ses d’aventures féériques ! A lire seul ou à partager sur un canapé confortable avec une tasse de bon thé J
Et vous, que diriez-vous si le Vent Vert vous invitait à le suivre tout droit en Féérie ?..
Mon extrait préféré :
Personne n’est choisi. Jamais. Pas dans le monde réel. Tu as choisi de sortir par la fenêtre pour monter sur un Léopard. Tu as choisi de récupérer une Cuiller de sorcière et de devenir amie avec un Vouivre. Tu as choisi d’échanger ton ombre contre la vie d’une enfant. Tu as choisi de ne pas laisser la Marquise s’en prendre à tes amis – tu as aussi choisi de briser ses cages ! Tu as choisi d’affronter ta propre mort, de ne pas reculer devant l’immense mer que tu devais traverser sans même un bateau sous la main. Et par deux fois, tu as choisi de ne pas rentrer chez toi alors que tu le pouvais, pour peu que tu abandonnes tes amis. Tu n’as pas été choisie, Septembre. Féérie ne t’a pas choisie – tu as choisi toi-même.
Recommandé pour :
Lecture individuelle |
Note : chronique réalisée dans le cadre d’un service de presse.